Mead Substation / Ivanpah Solar Project / Mojave Freeway / Calico Ghost Town Regional Park / Calico Ghost Town / Silver King Mine / Cajon Pass / San Bernardino Valley / Santa Monica Freeway / The Dwight D. Eisenhower National System of Interstate and Defense Highways
Dernier rempart de la conquête vers l’Ouest américain et les plages de sable fin de l’océan Pacifique, Mojave Desert ! Mojave ou Mohave, les orthographes sont utilisées pour nommer ce désert, le premier provient de l’espagnol, et le second provient de l’anglais. À l’origine, Mojave Desert tient son nom de la tribu amérindienne qui le peuple, les Mojave. Peuple qui se nomme lui-même Pipa a'ha macave, qui signifie « le peuple qui vit près de l'eau », et peuple qui nomme leur désert Hamakhaave, ce qui signifie « au bord de l’eau » dans leur langue maternelle, dont sa forme abrégée est Mojave ! Leur territoire s’étendait tout au long de Colorado River, d’ailleurs, selon un mythe Mojave, Colorado River a été créé par les premiers Mojave, pour qu’ils puissent pratiquer l’agriculture et la pêche. Au 18ème siècle, les colons commencent à explorer le désert. En 1775, l’explorateur Francisco Garcés devient le premier européen à découvrir et rencontrer les amérindiens Mojave. Les Mojave le guident et l’accompagnent dans son voyage jusqu’à la cote Pacifique. Plus tard, au 19ème siècle, les intérêts américains se tournent vers la Californie, de nombreux explorateurs partent sonder Mojave Desert dans le but de chercher des passages vers l’Ouest. Puis, au milieu du 19ème siècle, des milliers de personnes parcourent Mojave Desert, à la recherche de minerais, avec une idée en tête, faire fortune ! Des villes se construisent partout dans le désert, des milliers mines voient le jour dans les montagnes. Jusque dans les années 1900, cuivre, argent, plomb, or, zinc, tungstène cendres volcaniques, rapport des millions et des millions aux mineurs. Puis, les gisements s’épuisent, les mines sont abandonnées, les ouvriers s’en vont, les villes deviennent des villes fantômes, et la suite on la connaît... Aujourd’hui, l’activité humaine est très développée dans Mojave Desert, avec les loisirs, l’élevage, la production d’électricité photovoltaïque, l’entraînement militaire, l’exploitation avec divers gisements d'argent, d’or, de fer et de tungstène. Mais, Mojave Desert a un état de conservation relativement stable et intact et est l’une des régions les mieux protégées des Etats-Unis grâce au California Desert Protection Act.
Vaste étendue désertique, de plus de 81'000 kilomètres carrés, où le plateau du Colorado et Great Bassin se rencontrent, Mojave Desert si situe principalement dans le Sud-Est de la Californie, le Sud-Ouest du Nevada et s’étend jusque dans l’Arizona et l’Utah. Aussi appelé High Desert, en raison se son altitude qui se situe en moyenne entre 600 et 1'200 mètres, Mojave Desert forme avec Great Bassin, Sonoran Desert et Chihuahuan Desert, un des plus grands déserts au monde à cheval entre les États-Unis et le Mexique. Mojave Desert est le plus petit de ses voisins, mais aussi le plus sec, car la Sierra Nevada, à l’Ouest, forme une barrière naturelle qui empêche la pluie et l’humidité océanique d’atteindre le désert. Il s’agit d’un désert dans l’ombre pluviométrique. Bien que les limites de Mojave Desert soient bien définies à l’Ouest avec la Sierra Nevada et au Sud-Ouest avec la faille de San Andreas, Tehachapi Mountains, San Gabriel Mountains, ou encore San Bernardino Mountains, elles le sont moins ailleurs, Sonoran Desert au Sud, Great Bassin ou la faille de Garlock au Nord, et le plateau du Colorado à l’Est. Mojave Deset présente une topographie dite de bassins et de chaînes, il suit généralement un modèle de séries parallèles de chaînes de montagnes et des vallées ou bassins. Tout comme nous avons pu le voir lorsque nous étions à Death Valley National Park, parallèlement, sur un axe Nord/Sud, d’Ouest en Est, Argus Range et Slate Range, à leur base Panamint Valley, suivi de Panamint Range, puis Death Valley, et pour finir Black Mountains où se situe Dante’s View, un modèle géologique et topographique fascinant ! Du coup, le point le plus chaud sur Terre, le lieu le plus bas d’Amérique du Nord, Badwater Basin, situé dans Death Valley, se trouve au cœur de Mojave Desert !
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- Hoover Dam Lodge > Calico Ghost Town Regional Park : 2h30/270km via Interstate 11, Interstate 215, Interstate 15 & Calico Rd - Calico Ghost Town Regional Park > Barstow : 15min/17km via Ghost Town Rd & Interstate 15 - Barstow > Santa Monica : 2h15min/211km via Interstate 15, California State Route 210, Interstate 610, California State Route 60 & Interstate 10 |
Aujourd’hui, nous bouclons la boucle de notre voyage ! Nous allons regagner notre point de départ, Los Angeles ! Au programme, la traversée de Mojave Desert sur plus de 300 kilomètres ! Nous quittons Hoover Dam Lodge vers neuf heures du matin. Nous nous engageons sur Boulder City Bypass, traversons les montagnes et descendons sur Eldorado Valley, au Nord de Boulder City. Quand nous traversons cette large vallée avec la Interstate 11, de nombreuses lignes électriques nous passent au-dessus, et sur notre gauche, des centaines de pylônes ! En tant que grand fan, il faut aller voir cela de plus prêt ;-) ! Nous quittons l’autoroute, revenons vers Boulder City et bifurquons au Sud sur Veterans Memorial Drive. Nous traversons Boulder Creek Golf et Veterans Memorial Park, ça fait toujours bizarre de voir des étendues vertes au milieu du désert ;-) ! Sur notre droite Boulder City Municipal Airport, une fête doit avoir lieu, car il y a de nombreuses personnes au bord des pistes et des parapentistes survol l’aéroport. Un peu plus loin, Southern Nevada Veterans Memorial Cemetery. Ouis, nous passons sous Boulder City Bypass, et là, le désert à perte de vue, Eldorado Valley, et ses centaines de pylônes métalliques. Nous voici arriver à Mead Substation ! Nous continuons en hors-piste, à travers le sable du désert, avec notre Jeep et nous parquons sous les imposants câbles électriques, en contrebas de la sous-station. À quelques kilomètres au Sud, dans la cuvette de Eldorado Dry Lake, nous pouvons apercevoir des centaines de milliers de panneaux solaires frapper par le soleil. La chaleur est insoutenable, mais j’en profite pour marcher dans le sable et réaliser quelques photos de ces oeuvres d’art de ferraille :-) ! Lauriane, ma compagne, en revanche, n’est pas trop fan de ce décor, du coup je lui crie « c’est magnifique ! », mais elle, enfermée dans la voiture, se moque de moi ;-) !
Gérée Western Area Power Administration, Mead Substation est un point stratégique d’interconnexion électrique de l’Ouest des États-Unis. Avec ces voisines, distantes de quelques kilomètres, toutes stratégiquement construites dans Eldorado Valley, Marketplace Substation, McCullough Substation et Eldorado Substation, ces quatre sous-stations jouent leur rôle d’aiguilleur de l’électricité. Elles reçoivent l’énorme quantité d’électricité produite dans la région, notamment depuis Hoover Dam ou depuis les nombreuses centrales solaires comme Copper Mountain Solar Facility, Nevada Solar One, Boulder Solar, Techren Solar, Townsite Solar Project Hybrid, Ivanpah Solar Project Facility, Stateline Solar, ou encore Silver State South Solar Project. Ensuite, cette électricité est aiguillée vers les nombreuses lignes à haute tension de 220 à 500 kilovolts, pour alimenter en électricité les zones urbaines de Las Vegas, Phoenix ou Los Angeles et le Sud de la Californie. L’électricité produite dans la région est principalement dirigée vers la mégalopole de Los Angeles, grâce à des autoroutes électriques traversant Mojave Desert, sur plusieurs centaines de kilomètres. Une trentaine de lignes à haute tension sont connectées à Mead Substation, ce qui en fait une des plus importantes sous-stations du pays.
Nous reprenons la route, nous traversons les villes de Henderon et Las Vegas via les Interstate 11 et 215, puis nous nous engageons sur Las Vegas Freeway, plus connu sous le nom de Interstate 15. Nous sortons de Las Vegas, nous voici dans Mojave Desert ! L’autoroute fonce en ligne droite à travers ce paysage désolé ! Après une cinquantaine de kilomètres parcourus, nous quittons le Nevada, nous revoici en Californie :-) ! Nous franchissons la frontière à Primm. Première petite ville du Nevada, collé à la Californie, en venant depuis Los Angeles. Premiers casinos pour les californiens sur la route de Las Vegas. À peine de retour en Californie, nous apercevons d’énormes pylônes électriques et leurs câbles survolant le désert en direction de Los Angeles. Au loin, sur notre droite, trois énormes tours lumineuses, aveuglantes, c’est impressionnant ! Mais qu’est-ce donc ? Voici Ivanpah Solar Power Facility ! Une centrale solaire un peu spécial... Composée de trois centrales solaires thermiques à concentration, Ivanpah Solar Power Facility est inaugurée le 13 février 2014. Lors de son inauguration, elle devient la plus puissante centrale solaire au monde. Elle est composée de 173'000 panneaux solaires, répartis sur 14 kilomètres carrés, tous dirigés vers les trois tours de 140 mètres de haut. Le soleil est reflété sur les miroirs, lesquels concentrent la lumière sur les chaudières situées en haut des tours. Les chaudières génèrent de la vapeur qui va faire tourner des turbines. Pour un coût total de 2,2 milliards de $, dont Google a financé une partie, Ivanpah Solar Power Facility a une capacité de production de 392 MW. Une telle installation permet de couvrir les besoins en électricité de 140'000 foyers. La Californie est un pionnier en matière d’énergie renouvelable, avec des centrales solaires et des fermes éoliennes faisant partie des plus grandes du monde. Cet état mène une politique énergétique ambitieuse avec son programme California Renewables Portfolio Standard qui impose, aux fournisseurs d’électricité californiens, de porter la part des énergies renouvelables à 33 % de leur production totale en 2020, et adopte l’objectif de 50% d’énergie verte pour 2030. Et le miracle opère ! Le samedi 30 avril 2022 vers 15h00, les conditions climatiques sont optimales, le ciel est bleu, le vent souffle, la Californie a réussi à produire 100% de son électricité grâce aux énergies renouvelables, une énergie propre, durant 15 minutes ! Sur les 18'000 MW nécessaires aux besoins des californiens durant ces quinze minutes, 12'391 MW provient de l’énergie solaire, soit les deux tiers, le reste provient principalement de l’énergie éolienne et géothermique. Un succès prometteur qui peut qu’encourager les autres états et pays à suivre cet exemple.
Ivanpah Solar Project est construite sur une zone plate à proximité de Ivanpah Dry Lake, un lac asséché. Les grandes centrales solaires de la région sont souvent érigées dans ces lacs asséchés ou à proximité, car il s’agit de zones relativement plates. Dans Mojave Desert, il existe de nombreux bassins de basses altitudes, d’anciens lacs, aujourd’hui, asséché, comme Death Valley Playa, Ivanpah Dry Lake, Eldorado Dry Lake, Mesquite Dry Lake, Soda Dry Lake, Rogers Dry Lake, ou China Lake. Il s’agit d’une des nombreuses caractéristiques remarquables de Mojave Desert. Ces lits de lacs se remplissent parfois, puis l’eau s’évapore en laissant de grandes quantités de sel. Il existe peu de rivières de surface dans ce désert, cela vient du faible niveau de précipitations. En revanche, deux rivières intermittentes remplissent parfois ces lacs asséchés. Mojave River, qui naît dans San Bernardino Mountains, puis disparaît sous terres, alimente parfois Soda Dry Lake et Silver Lake, et Amargosa River, qui se forme dans Great Bassin, coule aussi principalement sous terre, et meurt dans Death Valley. Quelques oasis peuvent aussi être observées dans Mojave Desert, comme Ash Meadows et Oasis Valley.
Jusqu’à la frontière entre la Californie et le Nevada, la Interstate 15 se nomme Las Vegas Freeway côté nevadain, et côté californien, elle se nomme Mojave Freeway, sur environ 300 kilomètres, jusqu’à San Bernardino dans la banlieue de Los Angeles. 300 kilomètres de lignes droites et de paysages désertiques ! La longue traversée de Mojave Desert entre Las Vegas et Los Angeles ! Ce tronçon est la première portion de la Interstate 15 à avoir été construit. Les travaux débutent en 1957, dans le but de remplacer cette bonne vieille U.S. Route 91. L’autoroute est ouverte, entre Los Angeles et Las Vegas, en 1966. Aujourd’hui, c’est une autoroute très fréquentée. Nous avons d’ailleurs pu le constater... Avec le nombre impressionnant de camions et de voitures y transitant et répartis sur les pistes de droite, du milieu et de gauche... Car oui, aux États-Unis, il n’y a pas tant de règles concernant le dépassement par la gauche, chacun roule un peu comme il veut, du coup, il faut souvent slalomer entre les véhicules, mais en restant prudent ;-) !
Nous fonçons vers le Sud-Ouest, en direction de la cité des Anges. Pendant une bonne heure et demie, nous traversons Mojave Desert, la route est vraiment longue. Malgré cette monotonie, le paysage en veut le détour. De vastes étendues plates, des dunes de sable, de nombreuses petites chaînes de montagnes rocailleuses, donnant du relief à Mojave Desert. Au milieu de cette désolation, de cette solitude, sans aucune ville, sans aucun bâtiment à l’horizon, c’est quant même dingue de se dire qu’une telle autoroute, avec des milliers de véhicules l’empruntant chaque jour, a pu être construite à travers ce désert ! Nous passons à la hauteur du fameux et légendaire panneau Zyzxx de la Interstate 15 ! Zyzzx, petite localité accueillant autrefois la Zzyzx Mineral Springs and Health Spa, ancienne station thermale. Après la fin des concessions minières dans la région, Curtis Howe Springer fonde en 1944, à proximité des sources d’eau de Tuendae Lake et Soda Springs, une station thermale d’embouteillage. Il décide de donner à ce lieu le nom de Zzyzx, nom approuvé par le gouvernement américain le 14 juin 1984, dans le but que ce nom de lieu soit le dernier nom de lieu sur la liste alphabétique des noms de lieux aux États-Unis. Drôle d’idée ;-) ! Aujourd’hui, la station thermale n’existe plus, mais Zzyzx est gérée par la University of California et accueille le Desert Studies Center. Après cette longue traversée du segment le plus isolé de la Interstate 15, un panneau routier nous indique Calico Rd. Nous quittons Mojave Freeway et nous roulons à présent vers le Nord. Nous traversons la large plaine de Mojave River. Au loin, devant nous, une chaîne de montagnes rougeâtres s’élève, Calico Mountains se rapproche de plus en plus. Nous suivons la direction de Calico Ghost Town. Tout à coup, au sommet d’un mont, de larges lignes blanches font leurs apparitions, des lettres se dessinent sur les pentes rocailleuses de Calico Mountains, où nous pouvons lire à des kilomètres les lettres « CALICO ».
Après les National Parks, les State Parks, voici les Regional Parks ;-) ! Les premiers étant administrés par le gouvernement fédéral, les seconds par les différents états du pays et le dernier par les comtés. Nous restons toujours impressionnés par ce système de préservations mis en place dans ce pays :-) ! L’ancienne ville minière abandonnée de Calico doit sa résurrection à un certain Walter M. Knott. Agriculteur américain et fondateur du célèbre parc d'attractions Knott's Berry Farm en Californie, Walter M. Knott a acquis la ville fantôme en 1951. En raison de son intérêt pour l’histoire des pionniers américains, il lance un programme de restauration selon les photographies de l’époque de cette ville qui abrite de véritables mines d’argent. Calico retrouve son apparence de l’époque de la ruée vers l’argent, de l’époque où elle prospérait. Certains bâtiments datant des années d’exploitation de la ville subsistent encore, comme le saloon, la mairie, des maisons transformées en musées, le bureau de poste ou encore le palais de justice. Il rénove les bâtiments d’origine, afin qu’ils ressemblent à ceux des années 1880, à l'exception de cinq bâtiments, restés à l'identique, et classés. D’autres bâtiments complètement détruits à l’époque ont même été reconstruits comme une magnifique réplique de l’ancienne école de la ville. En revanche, aujourd’hui, les emplacements des anciens quartiers résidentiels sont aujourd’hui visibles uniquement grâce à des ruines. Les traces d’une époque prospère... Un magnifique voyage dans le temps témoignant de l’engouement autour de la ruée vers l’argent des années 1880.
Après sa restauration, en 1962, Calico Ghost Town reçoit le titre de California Historical Landmark, et devient le 782ème monument historique californien à recevoir ce titre. En 1966, Walter M. Knott fait don de Calico et son travail de restauration au comté de San Bernardino, et le comté lui décerne le titre de Regional Park. En 2002, Calico est en compétition avec Bodie, autre célèbre ville fantôme californienne, témoin de la grande époque de la ruée vers l’or, pour obtenir le titre de Official State Ghost Town. En 2005, le gouvernement californien trouve un compromis, le gouverneur Arnold Schwarzenegger décerne le titre de Official State Gold Rush Ghost Town à Bodie et le tire de Official State Silver Rush Ghost Town à Calico, toutes les deux témoins d’une époque extraordinaire et d’une grande importance historique. Calico est aussi titulaire d'un marqueur Blue Star Memorial Highway, borne commémorative rendant hommage aux forces armées américaines.
« California Ghost Town, Largest silver minig cam in California, 1881-1896 », voilà le panneau qui nous accueille à l’entrée de la cille fantôme de Calico ! Nous paquons la voiture à proximité de l’entrée de la ville, un décor d’antan nous souhaite la bienvenue dès le début de notre visite. D’anciens wagons utilisés dans les tunnels des mines, des chars aux grandes roues en bois, d’anciennes structures en bois typiques des camps miniers, c’est un vrai retour dans le temps ! Nous avançons sur l’ancienne Main Street longue de 400 mètres, bordée d’une part et d’autre par des bâtiments, fidèle réplique des établissements historiques. La plupart des bâtiments qui ont été reconstruits abritent des boutiques et des restaurants, dont les décorations sont faites avec les outils utilisés par les mineurs. Main Street est très orienté sur le tourisme, avec des panneaux publicitaires affichés sur les bâtiments, ce qui gâche un peu la magie du lieu... Nous nous baladons, l’ancienne prison de Calico devant le Sheriff’s Office, où j’en profite pour enfermer Lauriane ;-) ! Plus loin, Calico & Odessa Railroad, une ligne de chemin de fer à voie étroite et son magnifique pont en bois typique du Far West. Il s’agit d’une reproduction de Waterloo Mining Railroad, ancienne ligne de chemin de fer permettant de transporter l’argent et d’autres matériaux, dans les années 1880, entre Calico et les usines dans la vallée. Sa magnifique locomotive rouge et noire et ses wagons emmènent les voyageurs sur une petite boucle à travers ce paysage pittoresque. En contrebas de la petite gare, des décors de Far West avec des scènes et une fausse façade de saloon, où il doit très certainement y avoir des spectacles organisés.
Puis, nous arrivons sur les hauts de Calico, aux pieds de la montagne. Là, des ruines font leurs apparitions, des morceaux de bâtiments ou d’anciennes structures minières, sûrement aussi des anciennes maisons des mineurs construites en pierre, des vestiges intacts de l’époque, ça devient intéressant ! Nous entrons dans un vieux bâtiment en bois, où on peut lire « Mine Tour Entrance ». De nombreux outils, des machines avec de gros rouages, nous voici en 1880, c’est magnifique :-) ! Des pierres précieuses extraites à Calico sont aussi présentées dans des vitrines. Puis, l’entrée de la mine fait son apparition, un long couloir étroit en obscure, c’est parti ! Nous avançons à la lueur de quelques ampoules disséminées dans des failles de la mine, des couleurs, des cheminées, des gouffres sans fond, des échelles, des escaliers abrupts, un vrai labyrinthe souterrain, mais le parcours est indiqué, impossible de se perdre ;-) ! Des scènes de l’époque sont aussi présentées avec des mannequins représentant les mineurs. Creusant la roche, poussant des wagons dans les tunnels, prenant un repas dans une caverne transformée en cuisine, ou même dormant sur un petit lit au fond de la mine. Un beau spectacle qui nous fait observer le quotidien rude de ces hommes en quête de fortune ! Une fois sortis de la mine, nous gravissons quelques collines rocheuses avec de petits sentiers. Du haut de la ville, nous avons une magnifique vue sur Calico et Mojave Desert en arrière-plan. Quel spectacle, une magnifique expérience :-) !
Mais l’origine de Calico remonte bien avant les années où ses titres lui ont été décernés. L’histoire commence en 1881, lorsque quatre prospecteurs quittent Grapevine Station, aujourd’hui connu sous le nom de Barstow Station. Ils se dirigent vers le Nord-Est et arrivent aux pieds d’une chaîne de montagnes et décrivent ses pics comme étant de couleur calicot. C’est pourquoi ils nomment la chaîne de montagnes, le petit village et le pic qui le surplombe, Calico ! Rapidement, ils découvrent de l’argent dans la montagne, et ils ouvrent Silver King Mine. Cette mine devient, au milieu des années 1980, le plus grand producteur d’argent de Californie. Au-dessous de Silver King Mine, le petit village de Calico se développe lentement, cent personnes y vivent seulement en 1882. En juillet 1882, Silver King Mine est vendue à des intérêts de San Francisco pour 300’000$. Ce qui attira de nombreuses concessions individuelles et conduit à une exploitation minière plus efficace. Un bureau de poste est construit en ville, un hebdomadaire voit le jour, le Calico Print. Puis, des hôtels, des magasins, des bars, des restaurants, une école, un bureau de vote, un service téléphonique et télégraphique voient le jour. La ville compte aussi un shérif et des agents de police, des avocats, un juge de paix, des médecins. Une grande ville voit le jour, à son apogée, Calico compte plus de 500 mines d'argent, produisant plusieurs millions de dollars de minerai d'argent par an et compte 3’500 habitants. Puis, dans les années 1890, le prix de l’argent commence à s’effondrer, ce qui rend les opérations minières peu rentables... Les services ferment les uns après les autres. Avec la fin de l'exploitation des mines, en 1907, la ville est complètement abandonnée... La suite, on le connaît, en 1951, Walter M. Knott acquit la ville de Calico devenue fantôme ! D’ailleurs, histoire intéressante, John C. King, qui a déniché les prospecteurs qui ont découvert la veine d’argent, dont Silver King Mine porte son nom, est l’oncle de Walter M. Knott, propriétaire, bien des années après, de Calico. John C. King a aussi été le shérif du comté de San Bernardino de 1879 à 1882.
L’activité minière a joué un rôle important dans l’histoire de la région. Mojave Desert a toujours été une source abondante de minéraux et de métaux. Cette abondance est due à son climat et de son extrême activité géologique. En raison de sa position à la fonction des deux plaques terrestres, des failles dans la roche permettent à l’eau minéralisée de s’écouler vers la surface et s’évaporer, en laissant les minéraux dissous. Ces activités géologiques ont du désert une zone hautement minéralisée, avec de grandes variétés de minéraux industriels et de métaux précieux. Une quantité et une variété vraiment remarquable de minéraux ont été extraites de la région, notamment de l'or, de l'argent, du plomb, du zinc, du cuivre, du tungstène, du vanadium, du fer, de l'argile et des cendres. Tout au long de notre voyage dans ce désert, de Death Valley à Calico, nous avons pu voir les traces actuelles et passées de cette exploitation des roches et du sous-sol. Mojave Desert compte aussi des dizaines de villes fantômes, elles aussi témoins d’un passé prospère. Il y a les anciennes cités minières abandonnées comme Calico et Bodie, ou les villes fantômes plus modernes, délaissées lors de l’ouverture des Interstate, comme celles se trouvant sur les vieilles U.S. Route 66 et la moins connue U.S. Route 91.
Après plus d’une heure passée à déambuler dans la ville fantôme de Calico sous un soleil de plomb, nous reprenons la route. Une belle découverte, une belle histoire, et surtout, la dernière halte de notre voyage au milieu de la nature, car maintenant, nous fonçons vers la dernière étape de notre Road Trip, notre point de départ et d’arrivée, la cité des Anges ! Nous reprenons la Interstate 15 et roulons quelques minutes avant d’arriver à Barstow. Barstow, ville de 25’000 âmes au cœur de Mojave Desert, et située sur le tracé de la légendaire Route 66. Son histoire et son développement sont intimement liés à la découverte de l’argent dans les sols de la région dans les années 1860. Pour acheminer ces biens à travers Mojave Desert et au-delà, de nouvelles lignes de chemin de fer sont construites. La Santa Fe Railroad est érigée en 1888 et passe à travers ce qui allait devenir Barstow et un important nœud ferroviaire. Cette ville doit d’ailleurs son nom à William Barstow Strong, magnat des transports ferroviaires, et président de Atchison, Topeka and Santa Fe Railway entre 1881 à 1889. Mais Barstow apparut réellement sur les cartes avec la construction des Intertsate dans les années 1950. Elle devient aussi un nœud routier important avec la convergence des Interstate 15 et 40, et la California State Route 58. De notre côté, nous sortons de l’autoroute en périphérie de la ville pour manger un Taco Bell et ces quesadillas, qui ne valent, bien sûr, pas les vrais petits restaurants que nous avons eu l’occasion de découvrir ;-) !
Nous ne perdons pas de temps, car nous avons encore plusieurs heures de route. Nous reprenons la Interstate 15 en direction du Sud. Nous traversons les dernières régions désertiques de notre voyage. Après d’interminables lignes droites à travers ce désert hostile, nous enjambons Mojave River et entrons dans la vaste zone urbanisée de Victor Valley avec plus de 350'000 habitants, avec les villes de Victorville, Hesperia, Apple Valley et Adelanto. Victor Valley marque pour nous l’extrémité Sud de Mojave Desert avec comme barrière naturelle, s’élevant devant nous à plus de 3000 mètres d’altitude, San Gabriel Mountains et San Bernardino Mountains. Nous nous rapprochons de plus en plus de ces chaînes de montagnes qui séparent San Bernardino Valley, indirectement Los Angeles et l’océan Pacifique, de Mojave Desert. Pour les franchir, nous empruntons Cajon Pass. Cajon Pass est une fracture crée les mouvements de la faille de San Andreas, séparant San Gabriel Mountains sur notre droite, et San Bernardino Mountains sur notre gauche. Ce qui nous permet de les franchir à une altitude de 1100 mètres, plutôt pratique ;-) ! Selon d’anciens documents, Cajon Pass est nommé en l'honneur du pionnier mormon Andrew Cahoon qui est l'un des premiers colons à avoir aidé à arpenter et à aménager la ville voisine de San Bernardino. Lien important entre la mégalopole de Los Angeles et Mojave Desert, Cajon Pass est emprunté par l’imposante Interstate 15 et ses 9 voies, et par les 4 lignes de chemin détenues par BNSF Railway et Union Pacific Railroad. Toutes ces voies de communication serpentent le long des flancs abrupts des montagnes pour une descente vertigineuse de 800 mètres vers San Bernardino Valley. Le paysage a bien changé, le désert a laissé sa place à des collines un peu plus vertes, mais tout de même très sèches ! À l’horizon, avec cette magnifique descente dans ce paysage accidenté, nous commençons à apercevoir l’immensité de la périphérie de Los Angeles.
À venir ;-)
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